Le 5e sommet de l’UNAOC tout en faisant la part belle au dialogue entre les civilisations a mis l’accent sur l’émergence d’un leadership constructif avec les médias, et l’accès à l’information comme facteurs de développement économique et socioculturel.
Néanmoins, en intégrant les médias dans la stratégie globale de dialogue et de développement, l’ONU ne met-elle pas la charrue avant les bœufs sachant que dans les pays en développement, les médias sont sujets à de nombreuses pesanteurs ?
Dans les pays subsahariens en général, au Cameroun en particulier, des notions telles que la liberté d’expression sont assez biaisées.
97e au classement 2011-2012 de Reporters sans frontières sur la liberté des médias, le Cameroun effectue une remontée remarquable dans un classement dont il occupait les profondeurs. Néanmoins, dans les faits ce classement cache des réalités diverses.
D’un côté, il y a une formidable liberté de communiquer octroyée par l’Etat camerounais qui met en avant le nombre pléthorique de médias pour étayer sa vision d’une société libre et avant-gardiste, de l’autre il ya la réalité d’un paysage médiatique sans épaisseur à cause de l’absence d’un modèle économique véritablement rentable et de moyens de production de l’information limités.
Aussi la conquête d’une certaine forme de liberté d’expression, bien que nécessaire cache mal le marasme qui habite le monde la presse. Dans sa majorité, cette dernière est privée et dite d’opposition, mais dans les faits, elle vit sous un régime précaire dit de « tolérance administrative, véritable épée de Damoclès utilisée par le Gouvernement pour son musellement.
Certaines des recommandations du 5ème sommet de l’UNAOC peuvent laisser dubitatif l’observateur de la scène médiatique africaine en général et camerounaise en particulier.
Si on peut encourager la présence d’un atelier traitant des questions « Social Media » lors des travaux, on pourrait aussi se demander comment l’institution pense résoudre l’équation suivante: “Renforcer les efforts internationaux pour favoriser un dialogue global” (UN Resolution 16/18) via les médias sociaux. La difficulté d’accès à internet et les coûts prohibitifs en Afrique subsaharienne ne facilitent pas la chose et situent ailleurs les priorités sur le continent.
La prise de parole via les médias sociaux demeure néanmoins la meilleure chance pour les camerounais de participer aux grands débats contemporains. L’explosion des mobinautes et le besoin croissant de s’exprimer peut être à court terme canalisé hors des médias traditionnels pour rejoindre la sphère virtuelle, plus vivante, plus accessible et surtout plus participative.
Leadership, développement, dialogue, le cinquième forum de l’Allliance des Nations Unies pour le Dialogue des Civilisations a le mérite de poser les bonnes questions. Il faudra attendre la prochaine édition pour évaluer la pertinence des réponses.
Florian Ngimbis
Groupe francophone CFI